dimanche 21 décembre 2014

La France part en guerre contre les « super-bactéries »

La ministre de la santé, Marisol Touraine a annoncé, lundi 17 novembre, la création d’un groupe de travail pour la préservation des antibiotiques, qui devraformuler, d’ici à juin 2015, des propositions pour réduire l’incidence des infections à bactéries multirésistantes et favoriser le développement de nouvelles molécules anti-infectieuses.
Mme Touraine a fait cette annonce à l’occasion d’une visite à Val-de-Reuil, en Normandie, sur le site de R&D de Janssen, la filiale pharmaceutique du géant américain Johnson & Johnson, symbole de la guerre engagée contre les « super-bactéries ».
Ce site a découvert l’un très des rares antibiotiques mis sur le marché depuis une décennie : la bédaquiline, commercialisée sous le nom de Sirturo et autorisée enEurope depuis le printemps, s’attaque à la tuberculose multirésistante, dont 500 000 cas nouveaux ont été recensés dans le monde en 2012.
CONSOMMATION À NOUVEAU EN HAUSSE
Marisol Touraine compte davantage sensibiliser le grand public et espère renoueravec le succès du slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique », inventé il y a dix ans. « Le réflexe ne doit plus être docteur mettez-moi sous antibiotique”,mais plutôt docteur ai-je vraiment besoin d’antibiotique ?», a-t-elle souligné.
La campagne lancée en 2010, avec comme accroche « Utilisés à tort, ils deviendront moins forts ! », avait moins marqué les esprits et la consommationétait repartie à la hausse.
L’agence de la sécurité du médicament (ANSM) a constaté que les ventes d’antibiotiques ont progressé de 5,9 % depuis cette année-là.
« C’est un problème préoccupant car la hausse de la consommation se traduit par une résistance accrue aux antibiotiques et on observe un développement des situations d’impasse thérapeutique », a insisté l’ANSM.
Son étude s’inscrit dans le cadre d’un plan national de réduction de 25 % de la consommation d’ici à 2016. Un objectif « mal engagé » selon le responsable du rapport, s’il n’y a pas de « renversement de tendance » dès l’année prochaine.
La ministre de la santé compte aussi relancer la machine à innover avec des mesures incitatives pour les industriels. « Nous devons prendre en compte la particularité de ce domaine de développement dit sans marché, c’est-à-dire que, par essence, ces molécules auront des populations cibles restreintes », a rappelé Mme Touraine.
Cela doit être pris en compte pour rendre ces médicaments à nouveau attractifs pour les partenaires industriels.
DÉTECTER PLUS VITE
Les fabricants de tests diagnostics aussi sont appelés à la rescousse pourrepérer le plus vite possible les « super-bactéries ». Pionnier, le français bioMérieux lancera à la fin de l’année, un test qui permettre de détecter en moins de 3 heures les bactéries résistantes aux carbapénèmes, des antibiotiques particulièrement puissants de la famille des pénicillines.
« Cela évitera de les administrer aux patients qui n’en ont pas besoin, ce qui est une bonne chose compte tenu de leur toxicité, se félicite Mark Miller, directeur médical de bioMérieux. Cela permet aussi d’isoler rapidement ces patients et d’éviter la propagation de ces bactéries dans tout l’hôpital. »
Un antibiogramme classique prend entre 24 et 48 heures, le temps de « cultiver la bactérie », puis de tester l’efficacité de différentes molécules. « Le défi est demettre au point un test qui donne un résultat fiable directement à partir du sang du patient ».
Cette année, bioMérieux a créé un nouveau département qui développe des tests dits « compagnons » c’est-à-dire associés à un médicament précis. « L’idée est d’offrir aux laboratoires des tests rapides leur permettant à la fois de mieuxsélectionner les patients pour leurs essais cliniques et dans la vie réelle de savoirtrès vite si tel antibiotique va marcher ou pas », souligne Mark Miller.
Un premier vers dans l’usage intelligent et parcimonieux de ces précieuses molécules.

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